Sans titre
Messieurs, vous êtes avertis
Qu’on fait fabriquer à Paris
En perçant la maison voisine
Fonds de cheminée à ressorts
Par où, sans que l’on le devine,
Un galant peut passer le corps1 .
Rue de Richelieu sans effort
On peut aller voir ces ressorts
Chez la Dame Popelinière.
On en verra le bon effet,
Car on dit qu’elle est la première
Qui par là coiffa son benêt.
De Saxe le grand maréchal
Et son compagnon Lowendal,
Venus pour la paix du ménage
De cette Dame accompagnés
Mais tous trois eurent pour partage
Qu’on leur ferma la porte au nez.
Le sot parti pour les maris
De faire ces bruits dans Paris,
Car au fond on n’en fait que rire
Et le résultat est toujours
Qu’on montre au doigt le pauvre sire
Pendant le reste de ses jours.
- 1Une femme de chambre vint avertir M. de la Popelinière que par le moyen d’un ressort dans une maison voisine la plaque de la cheminée de sa femme se démontait et donnait passage à ses galants. La Dame, avertie que son mari avait découvert la mèche, n’osa rentrer seule et pria à la revue des Uhlans Messieurs de Saxe et de Lowendal de la ramener chez elle, ce qu’ils firent ; mais le mari les reçut très mal. Pour se justifier elle dit qu’elle avait fait faire ce ressort pour se sauver des mauvais traitements de son mari. Mais la chose vérifiée, il fut découvert que ce ressort ne pouvait s’ouvrir que dans la maison voisine et point autrement, ce qui déconcerta tout à fait la bonne dame.
Clairambault, F.Fr.12718, p.415-16 (variantes) - Mazarine Castries 3989, p.321-22
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