Sans titre
Je chante le grand Maurice
Dont la victoire propice
Suit toujours les étendards.1
Il unit à la vaillance
Le sang-froid et la prudence
Du plus fameux des Césars.
La conquête de Bruxelles,
Malgré les rigueurs cruelles
D’un des plus rudes hivers
Et la prise d’une armée
À la défendre acharnée
Surprennent tout l’univers.
Le fidèle amant de Flore
Dans nos champs n’a pas encore
Répandu l’émail des fleurs
Et la riche Anvers soumise
Offre au Roi qui l’a conquise
Ses clés et cent mille cœurs.
Des bords du Moldow rapide
Et du Danube perfide,
Accourez, cruels guerriers.
Maurice seul vous arrête
Et Conti ceindra sa tête
Des plus glorieux lauriers.
Rien ne pourra t’en défendre,
Mons, enfin tu vois descendre
Sur tes murs et dans ton sein
Pour punir tes noires trames
Mille globes, mille flammes,
Mille foudres de Vulcain.
Quelle audace vous inspire ?
Penser dans votre délire
À délivrer Charleroi ?
Venez, troupes téméraires,
Soyez témoins oculaires
Qu’elle est soumise à mon Roi.
Sous le canon d’une ville,
Vous cherchez un vain asile.
Innombrables combattants2
De peur d’être les victimes
De nos effort légitimes,
Fuyez ces murs chancelants.
Je dis à l’aigle romaine,
Prends ton essor, fuis la plaine,
Quitte les champs de Maris.
Tout la presse, la famine,
L’inévitable ruine
De ses asiles choisis.
De fleuves reine superbe3
Bientôt au niveau de l’herbe
Tes remparts seront réduits.
Vois nos vulcains et leur foudre
À réduire tout en poudre ;
De longtemps ils sont instruits.
Tes châteaux et tes ouvrages
Retardent d’autres courages
Que celui de nos héros ;
Clermont dans quelques journées
Fera ce qu’en des années
À peine ont fait les Nassaus.
Maurepas, F.Fr.12649, p.345-48 - Mazarine Castries 3989, p.243-46