Sans titre
Le Dauphin s’ennuie1
Au lit sans raison
Et laissant sa mie
Fait le polisson.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
En robe de chambre
Sans chausse et sans bas
Au mois de décembre
Il quitte ses draps.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Il jette sa mule
D’un coup de jarret
Et sans qu’il recule
Juste il la remet.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Si plus tôt peut-être
Il eût été fait,
On l’eût vu grand maître
Pour le bilboquet.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Il chante l’office
Comme un magister
Et fait le service
Comme un presbitet. [sic]
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Il dit à Thérèse :
Fais ton examen
Et pour qu’à Dieu plaise
Réponds bien amen.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Thérès friande
Aimerait bien mieux
Tâter de la viande
Qui nous rend heureux.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
De sa chevelure
Il aime la gras
Et de la frisure
Ne fait point de cas.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
Il aime la crasse,
Soit dit entre nous,
Si ce goût ne passe
Il aura des poux.
Et voilà la vie, la vie, la vie
Et voilà la vie de notre Dauphin.
- 1Sur le goût qu’a notre Dauphin de ne pas vouloir qu’on le peigne ni qu’on le poudre.
Mazarine Castries 3989, p.188-91