Sans titre
Bernage se vantait tout haut
Que la satire
Ne pouvait lui nuire,
Que même du peuple badaud
Il ne redoutait point l’assaut.
Mais à présent il entend dire :
Le beau prévôt qu’on nous a donné là.
Quand lui chanterons-nous un libera ?
Ah ! ah ! il mérite bien ça.
Il s’applaudissait en secret.
Le Roi, dit-on, à la Cour
Entre donc dans la finance1 .
De faire fortune un jour
Le voilà dans l’espérance
Aïe, aïe, aïe,
Aïe, aïe, aïe, Jeannette,
Jeannette, aïe, aïe, aïe.
En vain les dames de cour
L’osent trouver ridicule,
Le Roi ni le Dieu d’Amour
N’ont jamais eu de scrupule.
Aïe, aïe, aïe,
Aïe, aïe, aïe, Jeannette,
Jeannette, aïe, aïe, aïe.
Le Roi de tout cela rit,
Soutient que c’est par envie
Et que c’est le seul dépit
Qui fait contrôler sa vie.
Aïe, aïe, aïe,
Aïe, aïe, aïe, Jeannette,
Jeannette, aïe, aïe, aïe.
Madame d’Etioles enfin
Devient donc la bien-aimée ;
La Reine en a du chagrin,
La Dauphine est alarmée.
Aïe, aïe, aïe,
Aïe, aïe, aïe, Jeannette,
Jeannette, aïe, aïe, aïe.
Son mari fut si surpris
Lorsque le Roi lui fit fête
Qu’au pauvre diable transi
Cornes vinrent à la tête.
Aïe, aïe, aïe,
Aïe, aïe, aïe, Jeannette,
Jeannette, aïe, aïe, aïe.
- 1Le roi Louis XV en courant le bal comme aurait pu faire un mousquetaire de quinze ans pour chercher fortune, rencontra une petite Madame d’Etioles fort jolie qui lui plut. Le mari de cette Dame est neveu du fermier général Le Normand. Le plaisant est que M. d’Etioles a été si étonné que le Roi lui ait parlé au bal qui les cornes lui en sont venues à la tête. Il faut être bien folle pour être maîtresse du Roi dans toutes sortes d’état, mais encore plus une femme de cette espèce.
Mazarine Castries 3989, p.129-31
Curieuses similitudes (premier couplet identique par exemple) avec $7016