Sans titre
Pierrot, sais-tu la nouvelle1
Que l’on débite à Paris ?
Il n’est point de demoiselles,
De femmes, ni de maris
Qui n’ait martel en cervelle
De tout ce charivari.
On dit que notre archevêque
Choisit pour son successeur
De Soissons le sot évêque
Dont la morale fait peur ;
On dit que notre archevêque
Le prend pour son adjuteur.
Comme vous, d’humeur gentille
Qui catéchise en buvant
Ah ! Monsieur de Vintimille
Baillez-nous un bon vivant,
Comme vous, d’humeur gentille
Qui catéchise en buvant
Que voulez-vous que l’on fasse
D’un prélat si malotru !
Plutôt que baiser sa face,
J’embrasserions votre cu.
Que voulez-vous que l’on fasse
D’un prélat si malotru !
Aga, la drôle de tête
Pour porter mitre en ces lieux.
Tout gros cochon que vous êtes,
Jarni, je vous aimons mieux.
Aga, la drôle de tête
Pour porter mitre en ces lieux.
J’aimons votre frelimouse,
Je vous le disons tout net ;
Votre mine de Tamouse
Vaut mieux que ce freluquet.
Morgué, c’est, ou je me blouse,
Un nigaud nigaudinet.
Jamais notre minagère
N’osera le reluquer ;
Qu’il aille se faire faire
Visage à pouvoir montrer.
Jamais notre minagère
N’osera le reluquer ;
J’ons bien lu dans les nouvelles
Qu’il a traité de guenon
Deux duchesses des plus belles
En leur disant sans façon :
Eh allons, Mesdemoiselles,
Quittez le Roi tout de bon.
Est-ce ainsi qu’on parle aux Dames,
Aux Dames de grand renom ?
Ce Monseigneur, fils de James,
Est plus bête qu’un oison :
J’ons besoin de fines lames :
Que stila reste à Soissons.
Sous son sourcil de filasse
Son poil et son duvet roux,
Il a médité la chasse
De la pauvre Châteauroux.
Le bonDieu, grand bien lui fasse,
Et nous en délivre tous.
Nommez donc un bon apôtre,
Grand, gros, gras et bien nourri,
Qui soit tout fait commm’un autre
Et non pas comme stici.
Nommez donc un bon apôtre,
Grand, gros, gras et bien nourri,
Qu’il nous souffre les donzelles
Pour souler nos appétits,
Qu’il soit pacifique aux belles
Que pourra prendre Louis.
Eh allons, Mesdemoiselles,
Pour la Cour quittez Paris.
- 1Chanson sur M. de Fitz-James, évêque de Soissons, au sujet de ce qui s’est passé à Metz lors de la maladie du Roi.
F.Fr.10477, f°40-41 (moins les deux derniers couplets) - F.Fr.13657, p.285-87 - BHVP MS 550, f°39r-39v - Mazarine Castries 3989, p.37-40