Sans titre
Connais-tu le grand Conti ?
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Je l’ai connu tout petit
Quand au collège il apprit
Le latin de sa grand-mère,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Il avait l’œil si hardi
Que d’abord je devini
Qu’il serait un jour de guerre,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
De bonne heure il prit parti,
J’en eus le cœur tout transi ;
Sa mère n’en pleuri guère,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Dès qu’un mousquet il se vit
Faut voir comme il s’escrimit
Dns l’autre guerre dernière,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Pour aller à stelle-ci
Un jour il s’enfuit d’ici
Et sans regarder derrière,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Il fuyait vers l’ennemi,
Le Roi qui fort se fâchi
Autant en eût voulu faire,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Voyant comme il manoeuvrit,
Le Roi, général le fit,
Non pour faire de l’iau claire,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Villes, châtiaux il a pris,
Dans un diable de pays
Plus rude que le calvaire,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Il a toujours réussi,
Quoiqu’il ait eu, Dieu merci,
La chose impossible à faire,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Tout en assiégeant Coni,
A tous les ramonés-ci
Il baille les étrivières,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Je prions bien Dieu pour li
Mais pour faire tout ceci,
Faut qu’il ait un caractère,
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Mazarine Castries 3969, p.32-35