Sans titre
Menin est donc venu se rendre.
Plus d’une autre à son tour viendra.
A voir comme Louis y va,
Il prendra ce qu’il voudra prendre.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
En voyant comm’il se hasarde,
Tout de même que je faisons,
Entre grenadiers je disons :
Ma foi, c’et notre camarade.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
A la tranchée où qu’il se risque,
Tout au proche de l’ennemi,
Le Brutal ronfle autour de li.
Ça li fait comm’ de la musique.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
Tout bourgeois qui le voit paraître
Dit : quand es-tce donc qu’il nous prendra ?
Vaillant et beau comm’ le voilà,
Je voudrais bien l’avoir pour maître.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
Libéral et tout débonnaire,
Aux hôpitaux li même il va,
Je sons tout joyeux, d’où vient ça ?
C’est que je servons notre Père.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
Y n’y a pas jusqu’à son domestique.
Fort brave, il a reçu un coup
D’une bombe à l’endroit du cou
Dont il est mort comm’ça spratique.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi.
Vive Louis, tout chacun l’aime.
Toujours content je le suivrons.
D’où vient que jnous épargnerions ?
Il ne s’épargne pas li même.
Verse, verse, allons, Grivois, verse-moi,
Buvons à notre brave Roi1 .
- 1Chanson d’un joyeux grivois à l’endroit de la prise de Menin, le 4 juin, après six jours de tranchée ouverte par notre bon général Louis XV.
Clairambault, F.Fr.12711, p.41 - Maurepas, F.Fr.12647, p.37-38 - F.Fr.10477, f°67 - F.Fr.15134, p. 836-38 - Mazarine Castries 3988, p.377-79