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Sans titre

De tout tenter j’ai fait serment1 .

Pour te montrer le chemin de Cythère,

J’ai négligé plusieurs amants.

Malgré ma force et mon tempérament,

Montmorency2 , tu m’as su plaire.

Pourquoi me faire languir si longtemps ?

Quand je fais tant que d’avoir un amant,

Je veux qu’on me serve à l’instant.

 

Réponse

De Quervilly les yeux charmants

M’ont fait souvent admirer leur puissance.

Je3 me suis dit dans ces moments :

Tu n’as ni force, ni tempérament.

Voici les jours où de l’absence

Il faut paraître à la belle inconstant.

Tire-t’en, Pierre, et bien tire-t’en, Jean,

Sauve les souçons d’impuisssant.

 

Le Périgny4 , fat, insolent,

Comme le sont toujours ceux de sa clique

S’en va dire à chaque passant :

De la Moisson je suis le seul amant

Si c’est l’esprit de la critique

Que vous cherchez avec empressement

Le voilà tout, le voilà justement,

Futur avorton d’intendant.

 

Ma foi, depuis plus de deux ans

Que je suis jeune et garde l’abstinence

L’on me donne deux seuls amants,

L’un5 est un fol, et l’autre*6 est fort méchant

Malgré son manque de constance

J’aime mon mari* très sincèrement.

Il est froid, il est toujours languissant,

 

  • 1Madame de Quevilly parle ; elle est sœur de Madame de la Moisson.
  • 2Le comte de Montmorency, fils du maréchal.
  • 3M. de Périgny, maître des requêtes.
  • 4Le même M. de Périgny.
  • 5M. de Souvré.
  • 6M. Bonnier de la Moisson.

Numéro
$6612


Année
1747




Références

Mazarine Castries 3988, p.366-67