Sans titre
La pauvre reine hongroise1
Par la nation françoise
Bavaroise, et cetera
Se voit prendre tout ce qu’elle a
La la la
L’un en pleure, l’autre en rira.
Sur sa royale coiffure
Se lit en belle écriture :
La Hongrie. On voit plus bas
Sur les manchettes de ses bras
La la la
La Bohême est de mes États.
Sur sa robe belle et riche
On voit en écrit : l’Autriche.
Son jupon de taffetas
De Milan contient les États
La la la
La Moravie est sur ses bas.
La Silésie était mise
Au milieu de sa chemise ;
C’était par fortuit cas,
Car sa chemise n’était pas
La la la
Toute blanche de ce jour-là.
Dans certaine serviette
Qui n’était pas des plus nette,
La Reine était à dada.
On voyait sur ce linge-là
La la la
Prague bien peinte en incarnat.
Compatissez à la peine
Que souffre la pauvre Reine :
Viennent de gensd e tous États
Comm’auraient fait des scélérats
La la la
Qui la traitent du haut en bas.
L’un lui saisit la coiffure,
La laisse sans garniture,
L’autre met la robe bas,
Prend ce qui lui couvrait les bras
La la la
Et sans jupon la laisse là.
Un tiers dessus sa chemise
Use à l’instant de main mise
Et découvre mille appas ;
Je les dirais, mais en tel cas
La la la
Ne les imaginez-vous pas ?
Sur ce vinrent quatre frères,
Gens certes bien téméraires,
Se glissant à petits pas
Par derrière ont coupé les lacs
La la la
Qui font tomber le linge à bas.
Dans si cruelle détresse,
Cette Reine qu’on oppresse,
L’antre d’amour empoigna
Tout au moins on me laissera
La la la
Ce que j’ai dans les Pays-Bas.
- 1Sur une estampe de la Reine de Hongrie qui s’est vendue à Paris dans laquelle était représentée cette Reine habillée magnifiquement et sur chaque pièce de son vêtement était écrit le nom de tout ce qui appartenait à cette Reine ; autour d’elle paraissaient sous plusieurs figures toutes les nations qui lui font la guerre et chacun lui arrachait quelque chose, ce qui a donné lieu à ce pont-neuf.
Mazarine Castries 3988, p.1-4