Sur la Constitution Unigenitus

Fuyez, hérétiques,

Fuyez loin de nous,

Changez vos rubriques

Ou c’est fait de vous

Quesnel1 , votre apôtre,

Est à présent bien tondu

Lanturlu, lanturlu, lanturlu

Pauvres jansénistes,

Vous voilà damnés,

Car les molinistes

Vont ont condamnés.

Quesnel, votre apôtre

En tient, ma foi, dans le cul,

Lanturlu.

La douce morale

Qui fait notre foi

Malgré la cabale

Donne à tous la loi

Car pour le sûr

Le Saint-Père a répondu

Lanturlu.

Du décret de Rome

Parle qui voudra

Je sais déjà comme

On le recevra.

Chez nous les évêques

Trouvent l’arrêt tout conçu,

Lanturlu.

Voyez l’éloquence de ce beau latin ;

C’est la vraie croyance

De saint Augustin.

La papesse Jeanne

N’aurait pas mieux discouru

Lanturlu.

Chez une Éminence2

Six doctes prélats

Avec diligence

Ont reçu le Cas.

Leur grande science

A fait qu’ils ont répondu

Lanturlu.

De notre Saint-Père 

La décision

N’est-elle pas claire ?

Sans précaution

Pour la conscience

Ils ont fort bien résolu

Lanturlu.

Voyez La Rochelle,

De Gap et Luçon

Le divin modèle,

La belle leçon ;

Il n’est dans la France

Des prélats plus entendus

Lanturlu.

Ici nul obstacle

Ne doit arrêter ;

Le Pape est l’oracle

Qu’il faut consulter.

Veut-on qu’il révoque

Ce qu’il a si bien conclu,

Lanturlu ?

Vainement de France

L’illustre clergé

Prendrait la défense 

De cet enragé

Qui nous veut conduire

Sur un chemin tout tortu

Lanturlu.

Le sage Moline

Et tous nos docteurs

Ôtent les épines

Et laissent les fleurs ;

Au Ciel ils nous mènent

Chantant comme des perdus

Lanturlu.

Pauvres jansénistes,

Pliez les genouils

Soyez moliniste,

Chantez comme nous

Car pour de sa grâce

Et son pouvoir absolu,

Lanturlu.

• 1 Le Père Quesnel de l’Oratoire, auteur des Réflexions morales sur le Nouveau Testament.
• 2Le cardinal de Rohan.