Sans titre
Qu’il est fâcheux de se méprendre
En amour comme en amitié1 !
Laure est jeune, fidèle et tendre ;
Son cœur aisément s’est lié ;
C’est un prude amant qu’elle écoute ;
Mais ô coup, ô revers fatal !
Ce galant, trop discret sans doute,
Est étreint du joug conjugal.
Laure gémit de l’infortune.
L’amour qui rit en tapinois,
Veut s’en prendre à l’hymen. Bon dit le dieu sournois,
Telle méprise encor n’est pas assez commune ;
Tu m’as attrapé tant de fois
Que je puis bien t’attraper une.
- 1Le public a accueilli un nouveau roman de M. de la Dixmerie intitulé Les Dangers d’un premier choix, ou Lettres de Laure à Émilie. Il est en effet rempli d’intérêt. Tel est le nœud de l’intrigue : l’amant dont Laure est éprise est déjà marié ; ce qui donne lieu à l’épigramme suivante :
CSPL, XVIII, 236-37