Vers sur la mort de Rousseau
Rousseau n'est plus1 , la Parque inexorable
Vient de couper la trame de ses jours,
Les muses sur sa tombe en funèbres atours
Pleurent sa perte irréparable.
Mais pourquoi plaindrai-je ton sort ?
Rousseau, dans le bras de la mort
Tu prends une nouvelle vie ;
Ne crains plus les traits de l’envie.
L’impartiale Vérité
Se charge du soin de ta gloire
Et court au temple de Mémoire
Graver ton nom pour l’Immortalité.
Que cependant ton ombre fortunée
Marche bientôt d’un pas égal
Entre Auguste, Alexandre, Horace et Martial.
La gloire avant la mort souvent s’est éclipsée ;
Mais lorsque la barque est passée,
Les talents seuls, le génie, le cœur
Ont le droit de fixer le rang et la grandeur.
- 1Vers sur la mort de Rousseau, le plus célèbre poète de son temps, décédé dans la ville de Bruxelles, le 17 mars 1741
Arsenal 3133, p.458