Sans titre
Suivons des pères chartreux
La bande dévote1 ;
Je veux aller avec eux
Bien vivre en Hollande ;
Je suis janséniste, moi,
Je suis janséniste.
Puisque du grand Augustin
La grâce on exile,
Chez les enfants de Calvin
Cherchons un asile.
Escobar pernicieux
A grand bruit s’étale ;
Chez Bèze on connaît bien mieux
La saine morale.
Fréquente communion,
Ton dogme incommode,
Dieu merci, dans ce canton
N’est pas à la mode.
Laissant de l’utramontain
La sotte fadaise,
Du bon pontife romain
Nous rirons à l’aise.
Là contre tout l’univers
Exerçant nos plumes,
Ferons à tort à travers
Cent et cent volumes.
Là l’on nous va dispenser
D’offrande et de cierge,
D’invoquer et d’honorer
Notre bonne Vierge.
De nos frères protestants
La magnificence
De quatre cent mille francs
Nous y fait l’avance.
Nous joindrons à nos désirs
La boîte à Perrette,
Pour les illustres martyrs
Toujours toute prête.
Nos supérieurs au convent
Rognaient la pitance ;
Mais Dieu merci maintenant
Nous ferons bombance.
Attendant patiemment
La grâce efficace,
Nous ferons en attendant
Aller la fricasse.
Que ferons-nous sans cela ?
Tout est impossible ;
Aussi quand elle viendra,
Tout est infaillible.
Si je suis prédestiné,
Je n’ai rien à craindre ;
Mais si je suis réprouvé,
Pourquoi me contraindre ?
Si quelqu’un vient nous troubler
Dans ce sort tranquille,
Nous les enverrons promener
Au futur concile
- 1Comme on voulut forcer les chartreux d’accepter purement et simplement la Constitution, ils se réfugièrent en Hollande l’année 1725. On fit à ce sujet la chanson suivante.
Arsenal 2976, p.58-61