Sans titre
Messieurs, ouvrez les yeux bien grands1
Pour voir la flotte d’Angleterre,
Les tenants et aboutissants.
Messieurs, ouvrez les yeux bien grands,
Voyez ces deux cents bâtiments
Qui menacent toute la terre.
Messieurs ouvrez les yeux bien grands
Pour voir la flotte d’Angleterre.
Ces soldats et ces matelots
Qui fièrement gourmandent l’onde
Sont sans doute de grands héros.
Ces soldats et ces matelots,
Ils projettent dans leurs complots
La conquête d’un nouveau monde,
Ces soldats et ces matelots
Qui fièrement gourmandent l’onde.
Vous allez voir leur amiral
Foudroyer les murs de Carthage.
Avec son maintien triomphal
Vous allez voir leur amiral ;
On le prendrait pour Hannibal
S’il n’était de plus haut parage.
Vous allez voir leur amiral
Foudroyer les murs de Carthage.
Messieurs, je ne me trompe point,
Respectez donc ma prophétie
Qui s’accomplit de point en point.
Messieurs, je ne me trompe point,
Castillan, sauve ton pourpoint.
Il est bon de rester en vie.
Messieurs, je ne me trompe point,
Respectez donc ma prophétie.
Aussitôt dit, aussitôt fait,
Voyez-vous les forts mis en cendre ?
Vernon paraît, tout est complet
Aussitôt dit, aussitôt fait,
Venez voir vaincre. Un si beau trait
Convient au rival d’Alexandre.
Aussitôt dit, aussitôt fait,
Voyez-vous les forts mis en cendre ?
Voyez la desse aux cent voix
Voler dans l’île britannique
Pour annoncer ces grands exploits.
Voyez la déesse aux cent voix,
Quel triomphe chez les Anglais !
Adieu le commerce ibérique.
Voyez la déesse aux cent voix
Voler dans l’île britannique.
Ici tournez tous vos regards
Sur cette agréable peinture.
Combien de feux et de pétards,
Ici tournez tous vos regards.
Cloches et canons des remparts
Célèbrent si bonne aventure.
Ici tournez tous vos regards
Sur cette agréable peinture.
Que faire en cette occasion
Pour marquer sa reconnaissance
A l’incomparable Vernon ?
Que faire en cette occasion ?
La régence a rêvé, dit-on,
Sur un cas de cette importance.
Que faire en cette occasion
Pour marquer sa reconnaissance ?
La sage résolution
Qu’ont pris les régents d’Angleterre
En nommant un jeune lion
Du nom de l’amiral Vernon2 !
Car toute autre distinction
Est peu pour ce foudre de guerre.
La sage résolution
Qu’ont pris les régents d’Angleterre.
On ne vit jamais sûrement
Métamorphose si jolie.
Remarquez attentivement,
Vous allez voir beau jeu vraiment.
Le lion devient à l’instant
Un vrai rossignol d’Arcadie.
On ne vit jamais sûrement
Métamorphose si jolie.
Menu comme chair à pâté
Les Anglais sont taillés en pièce
Hélas ! quelle fatalité !
Menu comme chair à pâté
Il est vrai qu’ils l’ont mérité
Mais on doit leur dire des messes
Menu comme chair à pâté
Carthagène était aux abois,
Elle est aujourd’hui triomphante.
Quand Londres a brûlé tant de bois
Carthagène était aux abois.
Quel sera son deuil cette fois ?
Venon revient l’aile traînante.
Cathagène était aux abois,
Elle st aujourd’hui triomphante.
Qu’ast-tu fait de nos légions
Dit le parlement en colère ?
Qu’as-tu fait de nos millions ?
Qu’as-tu fait de nos légions ?
Vernon répond aux questions
Mon compte est court, net et sincère.
L’or est encore dans les galions,
Vos soldats sont au cimetière.
Valpol en rit au fond du cœur,
Le parlement s’en désespère,
La nation est en fureur.
Valpol en rit au fond du oeur,
Mais la fille de l’empereur
N’en fera pas mieux ses affaires.
Valpol en rit au fond du cœur,
Le parlement s’en désespère.
Si je n’ai pas su divertir3
Cette honorable compagnie,
J’en avais du moins le désir,
Mais je n’ai pas voulu mentir,
J’ai su même me contenir
En supprimant bonne partie
Des faits qui pourraient divertir
Cette honorable compagnie.
- 1Chanson lamentable et récréative sur le siège de Carthage.
- 2Une lionne que l’on nourrit à Londres a fait deux lionceaux, à l’un desquels on a donné le nom de Vernon pour faire honneur à l’amiral.
- 3… Si je n’ai pas su divertir / Par crainte de me ressouvenir / J’ai supprimé grande partie, / Vous pourrez l’apprendre à loisir / Des habitants de Cracovie. [Nouvellistes des Tuileries ou du Palais-Royal.]
F.Fr.15140, p.164-70 - Mazarine Castries 3987, p.392-97