Vers au sieur de La Briffe président à mortier du nouveau Parlement
Vers au sieur de La Briffe
président à mortier du nouveau Parlement1
Quelques passants regardaient l’autre jour,
Sortir un sénateur de nouvelle structure ;
Tout était noir ; chevaux et laquais et voiture ;
Il allait rendre hommage au bandeau de l’amour.
Peignez-vous un magot manqué par la nature,
Qui, voulant faire un ours, en fit un président.
On y distingue cependant
Quelques traits formant un visage,
Que porte obliquement un tortueux corsage ;
Représentant un dos d’âne parfait,
Mais d’un âne bossu, tel est son vrai portrait.
Jadis il sut briller par son grand savoir, braire,
Un esprit dans le goût de ce mortier massif,
Qui couvrant le devant du logis de cet if
Chancelle à tout faux pas d’une cour éphémère.
Ce monument, dit l’un, renferme le cercueil
De son honneur défunt dont il est en grand deuil.
Voyez quel attirail entoure sa hautesse ;
Il s’est mis en grands frais ; à ceux de son espèce,
Reprit l’autre passant, ceci ne coûte rien ;
Ils sont drapés par tous les gens de bien.
- 1Il me tombe entre les mains copie d’une pièce satirique en vers contre le sieur de La Briffe l’un des présidents à mortier du nouveau Parlement, demeurant quai des Théatins, qu’on disait avoir été affichée à la porte de son hôtel et trouvée en différentes boîtes de procureurs au Châtelet (Hardy)
Hardy, III, 511-12