Vers à Louis XVI.
Vers à Louis XVI
Ce Roi qui s’est nommé le sévère et le juste,
A déjà mérité le beau titre d’auguste.
Du règne le plus doux tout annonce le jour ;
De savants vertueux il veut former sa cour.
Abhorrant le clinquant dont se pare le crime,
L’homme simple aura droit d’obtenir son estime.
La timide pudeur, sûre dans son palais,
D’un lâche séducteur ne craindra plus les traits.
Près de lui le flatteur ne trouve plus son compte,
Et l’impie étonné, fuit pour cacher sa honte.
Père de ses sujets, pour apaiser leur faim,
Il veut anéantir le commerce du grain.
Économe d’un bien que le ciel lui confie,
Du luxe on le verra condamner la folie.
En plaçant en leurs lieux tous les corps de l’État,
Sans effort la vertu reprendra son éclat ;
On ne confondra plus les rangs et l’opulence,
Là sera le héros, là l’homme de finance ;
Et le noble à son tour n’ayant que des vertus,
Rougira d’encenser les autels de Plutus.
Tant de riches commis dont fourmille la France,
N’oseront plus braver les titres, la naissance ;
Ces monstres, élevés par les extorsions,
Vont être sans appuis et sans protections.
Cet astre bienfaisant va par son influence,
Ranimer les talents, ramener l’abondance.
Sans impôts ses vertus rempliront son trésor,
Nous goûterons en paix le temps de l’âge d’or.
Dieu ! Dans ton temple saint fais qu’on lui place un buste
Et donne de longs jours au Roi Louis Auguste1 .
- 1N. B. Le Parisien toujours prompt et facile à se prévenir n’apercevait encore qu’un jeune arbre qui lui paraissait chargé de fleurs, et déjà il exaltait la douceur et l’excellence de ses fruits (Hardy)
Hardy, III, 468-69