Vers contre les sieurs de Nicolaï et Goezmann
Vers contre les sieurs de Nicolaï et Goezmann1
Lorsque Nicolaï ce timide officier,
Fut instruit des dangers de son noble métier ;
Renonçant à l’honneur de servir sa patrie,
Il vendit à Maupeou sa conscience aguerrie :
Bientôt d’un président il obtint le mortier.
Fier d’un rang avili qu’il avilit encore,
Il endosse la robe et se rend au Palais :
A l’aspect de Thémis qu’il ne connut jamais :
Apprenez-moi, dit-il, un secret que j’ignore,
Maîtres compagnons de mon iniquité…
Pourquoi cette balance et ce glaive apprêté ?
Goezmann lui répond : mon infâme confrère,
Chacun de nous trouve ici son affaire :
Au défaut de ton bras ce glaive redouté,
Secondera ta rage et ta folle insolence
Et moi dans la balance,
Au poids de l’or par ma femme apporté
Je pèserai le crime et l’innocence.
- 1Suivent deux autres pièces satiriques en vers français dont je n’ai pu me procurer que tard des copies, la première dirigée tant contre le sieur de Nicolaï président à mortier que contre le sieur de Goezmann, conseiller de Grand’Chambre du nouveau Parlement, qui venait d’être condamné au blâme pour crime de faux ; la seconde dirigée contre les principaux personnages dans l’affaire d’entre ledit sieur de Goezmann et le sieur Caron de Beaumarchais et composée à l’instar des Couplets de Noël qui avaient paru à la cour en 1763. Je transcris ces deux pièces, quoique très médiocres, en ce qu’elles ne doivent point être séparées de tout ce qui a rapport au fameux procès du sieur Caron de Beaumarchais (Hardy)
Hardy, III, 391