La réjouissance de carême
La réjouissance de carême1
Je marchandais ces jours passés
Certains écrits de mordante structure,
Qu’à périr par le feu Thémis a condamnés
Pour réparer l’injure par l’injure ;
Et l’on sait bien qu’en telle occasion,
Il n’est auteur, imprimeur ou libraire
Qui, sans scrupule et sans discrétion,
N’exige au moins un quadruple honoraire.
De marchander, on n’a donc pas grand tort,
Et d’après mes moyens, je marchandais très fort.
Combien de Beaumarchais collection complète ?
Dix-huit francs. Ah bon Dieu ! Mais vous n’y pensez pas ?
Encore un Beaumarchais, votre fortune est faite.
Voici bien du papier ! Quel est donc ce fatras ?
De l’honnête Marin, ce sont les œuvres pies.
Eh ! mais je n’ai besoin de tant de vilenies :
Ôtez donc s’il vous plaît… Oh ! non vraiment ;
Il faut que Beaumarchais emporte cet apôtre ; autrement
Il nous reste et nous perdons du nôtre.
Chez le boucher, la tranche l’aloyau,
Dans ce saint temps de pénitence,
Font vendre un moins friand morceau ;
Prenez Marin, c’est la réjouissance.
- 1On distribuait à peu près à la même époque des copies manuscrites d’une nouvelle épigramme contre ledit sieur Marin ; suit cette pièce. (Hardy)
F.Fr.15141, p.419-21 - Hardy, III, 390-91