sans titre
Messieurs les ministres du temps,
Je suis fâché du contretemps1 ;
Il faut encore vous y résoudre
De voir le grand astre Fouquet
Qui saura bien vous en découdre
Et donner à tous le torquet.
Amés et féaux d’Argenson,
Qui portez des cornes au front,
Nonobstant ce bel étalage,
A présent tenus sur les fonds,
Pourriez bien avoir en partage
Un beau jour des coups de talon.
L’aîné fait rire en ses propos ;
C’est un franc diseur de bons mots,
Menant les affaires étrangères
On ne peut pas plus rondement,
Et même des gens très sincères
Disent que c’est asinement.
Le cadet n’est pas un butor ;
Il est vraiment garçon retors
Qui toujours par souples manœuvres,
A su marcher légèrement,
N’ayant jamais su d’autres œuvres
Que de virer adroitement.
Pour les négociations
Et gouverner des légions.
Tels sont nos deux grands personnages,
Avec leur merveilleux talent,
Que l’écureuil guette au passage
Pour les faire tomber dedans.
- 1Cette chanson a été faite sur un bruit qui a couru les premiers jours de décembre que le ministère allait être totalement changé, ce qui cependant n’est point encore arrivé.
Mazarine Castries 3989, p.235-36 - Marville, II,237