Sans titre
Saint Colomban dans un bourg helvétique
Prêchant un jour le dogme évangélique
Voyait glisser sur ces esprits bouchés
Tous les traits forts qu’il avait décochés.
Il veut tenter si, sourds à ses oracles,
Ils se rendront à la voix des miracles.
Par le ciseau dans la pierre creusé
Est un bassin sur la place exposé.
Enfants, dit-il, pour prouver sans réplique
Aux plus obtus que la foi que j’explique
Est le chemin qui seul conduit aux cieux,
Je vais souffler sur la pierre à vos yeux,
Et dans l’instant vous allez voir en quatre
Les pans brisés sur le pays s’abattre.
Nouveau Moïse, il souffle, et le bassin
Est pourfendu sous les lèvres du saint.
Vous eussiez cru que, prouvant de la sorte,
Le cas bientôt eût été résolu.
Mais savez-voous ce qu’il en fut conclu ?
C’est que l’apôtre avait l’haleine forte.
Un petit conte de Robbé qui m’a paru mieux fait que ne le sont ordinairement les vers de ce dur et grossier rimeur (La Harpe)