sans titre
S**1 un jour débitant au Caveau2
Ce qu’en trois mois il apprit de musique,
Prêchait sur Gluck et sur le sens nouveau
Qu’avait créé l’Amphion germanique3 .
On l’écoutait : tout seul à son écot,
Un vieux lulliste outré d’impatience
De son babil : Quel est, dit-il tout haut,
Ce discoureur plus ennuyeux qu’un sot,
Qui déraisonne avec tant d’importance ?
Lui, c’est S**, le confrère d’Arnaud.
Au Louvre assis, muet par prud’homie,
Il n’y fait rien, et n’y dit jamais mot.
Eh ! que n’est-il, puisque tel est son lot,
Muet ici comme à l’Académie ?
* Café célèbre du Palais-Royal (M.).
** S**[Suard] avait imprimé que Gluck lui avait créé un sixième sens ; sur quoi l’on prétendit que ce n’était pas le sens commun.
- 1La querelle des Gluckistes et des Piccinistes produit toujours quelques nouvelles escarmouches, et les épigrammes pleuvent des deux côtés. En voici deux contre l’un des patriarches de la religion de Gluck, et qui ne sont ni trop méchantes ni trop mauvaises (La Harpe)
- 2Café célèbre du Palais-Royal (La Harpe)
- 3S**[Suard] avait imprimé que Gluck lui avait créé un sixième sens ; sur quoi l’on prétendit que ce n’était pas le sens commun (La Harpe).
La Harpe, CL, t.III, p.61