Sur les foyers de la Comédie-Française
Sur les foyers de la Comédie-Française
Il est dedans Paris
Une fameuse école
Où l’on paie à tout prix
Plus d’une faribole,
Où mari, femme ou fille
Usent dans plus d’un cas
De la bonne béquille
Du Père Barnaba.
Pour bannir notre ennui
Un comique assemblage
Des sottises d’autrui
Nous présente l’image.
Tout femelle y brille.
Mais bien plus d’une y va
Pour trouver la béquille
Du Père Barnaba.
L’amour dans un salon
De princesses postiches
Et d’enfants d’Apollon
Reçoit les sacrifices.
Là pour une coquille,
Hommes de tous états
Échangent la béquille
Du Père Barnaba.
Un blondin jouvenceau1
Pour avoir son entrée
Tira de son cerveau
Pièce mal dirigée.
En vain il s’égosille
L’innocent ne sait pas
S’armer de la béquille
Du Père Barnaba.
A peine il y parut
Que sa mine ingénue
Mit aussitôt en rut
Une fille connue2
Qui à tout coup pétille
D’attraper dans ses bras
La nouvelle béquille
Du Père Barnaba
Entre les beaux esprits
Que Plutus tient à gage
Un qu’on sait à Cypris
Refuser son hommage3 ,
Voyant le jeune drille
Accourut sur ses pas
Pour loger la béquille
Du Père Barnaba.
Crains-moi pour ennemi
Si l’exemple [passage rayé]
De plus d’un jeune ami
Je recherche la grâce.
Sexe qui trop babille
A cuisants embarras
Expose la béquille
Du Père Barnaba.
La fille à ce discours
De colère s’enflamme.
Pour en trancher le cours
Lui dit : va, bougre infâme,
Qu’à jamais le feu grille
Pour venger nos appas
Ta puante béquille.
Je ne pleurerai pas.
Ah, qu’il faisait beau voir
Le timide novice
Ignorant son devoir
Craindre d’entrer en lice.
Femme de Lazarille4
Par bonheur arriva
Pour sauver la béquille
Du Père Barnaba.
Si le précoce auteur
De sa verve indiscrète
Exprime la chaleur,
Comme il conte fleurette
Parterre qui houspille
En le voyant criera :
Ah ! la pauvre béquille
Du Père Barnaba !
Mazarine Castries 3986, p.436-40