Pot-pourri sur Mademoiselle Le Maure

lorsqu’elle quitta l’Opéra par un mouvement de dévotion1

Perce, perce, perce mon sein,

Perce, perce, perce mon sein,

Cher Séraphin,

Je veux t’en croire,

Du monde et des plaisirs, j’ai perdu, j’ai perdu la mémoire,

Je ne veux plus brûler que de l’amour divin.

Perce, perce, perce, perce, perce, perce,

De l’Esprit-Saint je prétends m’enivrer

Jusqu’à tomber, jusqu’à tomber à la renverse.

Avez-vous connu feu Grégoire ?

Connaissez-vous frère Sandale2 ,

Récollet si saint, si vanté,

Qu’en vain le démon a tenté.

Il m’apprit l’oraison mentale

Il m’apprit l’oraison mentale,

Et la mère Félicité,

Exemple de sobriété,

Cette fameuse Carmélite

M’apprit à vivre sans manger

Qui peut me nier le mérite

De jeûner et de bien prier ?

Le mérite, le mérite,

De jeûner et de bien prier,

De jeûner et de bien prier.

C’est Mademoiselle Manon

C’est le petit Jésus

A qui j’ai bien su plaire

C’est le petit Jésus

Qui guérit mes abus.

Je reprends mon agnus

Le matin priant tant et plus,

Tout le reste est bibus,

Tout le reste est lanlaire.

Plaisir dissolus,

Pour moi vous êtes superflus.

J’espère être bientôt ans le rang des élus

Le pâté qu’on m’apporte

Apportez-moi ma haire,

Le démon persévère,

Vite mon scapulaire

Pour faire l’oraison

Quoi ! la chair me surmonte,

Monte.

Donnez de l’eau bénite

Vite

Je tiens le goupillon

Je rendrai bien camus le démon.

• 1Mlle Le Maure quitta l’Opéra en avril de cette année sous prétexte de dévotion, mais véritablement piquée d’avoir été mise au For-L’Evesque. Le 3 mars précédent où elle ne coucha pourtant qu’une nuit. Elle reparut sur le théâtre dans le rôle de Jephté (M.).
• 2**L’abbé Bizet, directeur de Mlle Le Maure (M.).