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Vaudeville

Vaudeville
Un Gascon, rusé matois,
Mais mince actionnaire,
Par ses seuls galants exploits
Connu dans cette terre,
D’un tendron friand y fit choix.
Avant le terme des dix mois
La fille sera mère.
Vive, vive, vive le Quincampoix
C’est une autre Cythère.

D’une attentive maman
La fille trop gênée
Espérait innocemment
Se joindre à la mêlée.
Elle y rencontra maints grivois :
Gare le produit des dix mois.
La belle y fut visée.
Vive, vive, vive le Quincampoix
Oh ! l’aimable contrée.

Un minois de soixante ans,
Lassé d’un long veuvage,
Fit choix pour son passetemps
D’un magicien sage.
Il se fit avancer les mois,
Agiota, puis au minois
Chanta pour tout ramage
Vive, vive, vive le Quincampoix
J’y gagne un équipage.

La fille d’un procureur,
D’humeur un peu coquette,
Par un jeune agioteur
Se fit conter fleurette.
Il raconta pour ses exploits
Combien il gagnait chaque mois.
Elle en fut satisfaite.
Vive, vive, vive le Quincampoix
Pour faire une amourette.

Un abbé de ces cantons
Cherchant quelques novices,
Troqua pour avoir des fonds
Un de ses bénéfices.
Il en fit d’utiles emplois.
Avant le terme des dix mois
Il en vit les premiers.
Vive, vive, vive le Quincampoix
Les fonds y sont propices.

Un laquais d’agioteur
En moins d’une journée
Sut par un coup de bonheur
Changer sa destinée.
Aujourd’hui, fier de ses exploits,
Il éclabousse le bourgeois
Qu’il servait l’autre année.
Vive, vive, vive le Quincampoix
Pour les gens de livrée.

Numéro
$5547


Année
1719 décembre




Références

Courrier politique et galant, 18 décembre 1719