sans titre
Voici matière nouvelle
Pour les braves de Paris1 .
Nos soldats sans sentinelle
Étaient couchés dans leur lit.
Ceux de la maison d’Autriche,
Arrivant en vrais hiboux,
Les font sortir de leur niche
Et les assomment de coups.
Sans justaucorps ni culotte
Le fantassin gagne au pied,
Et le cavalier sans botte,
Sans selle, sans étrier,
Au milieu de la campagne
Sans savoir où ni comment,
S’enfuit et de l’Allemagne
Déteste le contretemps.
Trois jours après cette aubade
Les Allemands triomphants
Enfoncent nos palissades,
Du camp tombent sur nos gens.
Mais nos gens étant alertes,
Résolus de se venger
Et de réparer leurs pertes
Fondent dessus l’étranger.
Ils en font un grand carnage
Et font de tous les côtés
De leurs corps un étalage
Dont tous les champs sont jonchés.
Le reste met dans la fuite
Son espoir et son salut,
Mais le Français à leur suite
Les poursuit la fourche au cul.
Ils ont laissé leurs timbales,
Leurs drapeaux et leurs canons,
Leurs chevaux, tentes et malles,
Armes et munitions.
Apprenez, lâches canailles,
Que les Français bien unis
Ne perdent point de batailles
Qu’ils ne soient bien endormis
- 1 Sur le passage de la Secchia et la surprise de Santo Benedetto du 15 septembre 1734 et sur la bataille de Guastalla, donnée le 19 septembre de la même année (M.).
BHVP, MS 542, p.300-02 - BHVP, MS 548, p.161-62 - Mazarine Castries 3986, p.166-68