sans titre
Messieurs les Allemands longtemps vous souviendra
De ce fameux combat auprès de la Parma.
Le général Mercy d’abord y fut occis
Et vous, crainte de pis, décampâtes la nuit.
Messieurs les Allemands faut tirer le rideau
Sur le massacre fait à San Benedetto.
De ce coup inouï la nature frémit,
Apollon se retire et Pégase s’enfuit.
Messieurs les Allemands ce succès vous porta
A nous livrer bataille au camp de Guastalla.
De ce dessein maudit le bon Dieu vous punit,
Votre armée en déroute ou périt ou s’enfuit.
Messieurs les Allemands dans cette occasion
Vous perdîtes bagage, armes, munitions,
Beaucoup de prisonniers sans compter les chevaux,
Des canons, des chariots, timbales et drapeaux.
Messieurs les Allemands il nous faudrait encor
Donner la liste des blessés et des morts,
Le prince Wirtemberg, Monsieur de Konigseck
Et beaucoup d’autres noms qui finissent en eck.
Messieurs les Allemands, dites-nous bonnement
Pourquoi faire périr tant d’honnêtes gens ?
Ne connaissez-vous pas la valeur des François,
Et Messieurs de Coigny, de Broglie et Maillebois ?
Messieurs les Allemands, ne vous flattez jamais
De remettre le pied dedans le Milanais ;
Des rivages du Pô dénichez au plus tôt,
Ou l’on vous frottera l’échine comme il faut.
Messieurs les Allemands, ne perdez point de temps,
Retournez-vous-en vite par le Mantouan.
Si le goût quelque jour vous prend de nous revoir,
Nous ferons tout au mieux pour vous bien recevoir.
Mazarine Castries 3986, p.88-90