Aller au contenu principal

Sans titre

Un prélat ignorant
Mon cousin
Fier du pouvoir suprême
Veut être dans son rang
Mon cousin
Plus craint que le Roi même.
Mon cousin
Voilà mon cousin l’allure
Mon cousin
Voilà mon cousin l’allure.

Ce ministre captif
De la pourpre romaine
D’un air impératif
Par le nez le roi mêne.

Mais respectons ce roi
Et lui rendons justice
Il a l’air pour certain
D’un roi de pain d’épice.

Que fait-il, diras-tu ?
Imite-t-il sa race ?
Sa plus noble vertu
Est la carte et la chasse.

Il est simple et soumis
Ce Louis.
Cette conduite est belle,
Mais à vingt an passés
Est-ce assez
D’être encore en tutelle
Et menacé.
Voilà de Louis l’allure
En vérité
Voilà de Louis l’allure.

Fière sans vanité
Tranquille par contrainte,
Pleine de piété
Mais muette par crainte
C’est de Leczinski l’allure.

Un prince trop bigot
Sort de son caractère
Pour paraître dévot
Il faut porter la haire
C’est de d’Orléans l’allure.

Bourbon, jadis héros,
Y voit tout sans murmure
Il y laisse en repos
Son ancienne injure
Voilà de Bourbon l’allure.

Libre de son erreur,
Prince digne de l’être
Il voit avec douleur
L’esclavage du maître.
C’est de Charolais l’allure.

Un abbé franc brouillon,
Croqueur de bénéfice
Dans les bras de Bouillon
Récite son office,
Voilà de Clermont l’allure.

On y voit là Charost
Suivre son cagotisme
Mais sous son air bigot
Il cache l’athéisme
Voilà de ce duc l’allure.

Femme d’un aigrefin
La Carignan dévote
Par le prélat malsain
Se fait gratter la motte
C’est de cet aspic l’allure.

Elle est le seul falot
Du prélat en enfance
Et son faux air dévot
Dupe toute la France,
C’est de Carignan l’allure.

Il est de vrais zélés,
Méritant récompense,
Mais ils sont appelés
Les fléaux de la France.
Volà du clergé l’allure.

Pucelle a des vertus,
Et ses autres confrères
Plus que n’en eut Brutus
Et bien  plus salutaires
C’est de nos consuls l’allure.

Double caméléon,
D’Aguesseau ce perfide
Dans chaque intention
A Lucifer pour guide
C’est d’un renégat l’allure.

Numéro
$5430


Année
1731 (Castries)




Références

 F.Fr.15133, p. 186-194 - Mazarine Castries 3985, p.255-265


Notes

Datés de 1731 par le manuscrit Castries et de 1732 par Clairambault, il existe une très importante série de poèmes fondés sur le timbre de l’Allure dispersée dans les chansonniers. On les trouvera, pour le plus grand nombre,  regroupés aux $1727-1736, 5428-5435, 6138-6140, ainsi qu’à $2802 et 3968. Ils relatent à leur manière le conflit du moment entre la monarchie et son parlement de Paris, ponctué d’arrêts, de remontrances, d’un lit de justice et, pour finir, d’une démission collective des magistrats suivie d’ordres d’exil pour les récalcitrants.