Chanson
Chanson
L’ambassadeur de Perse1
Arrive dans Paris.
Crainte qu’à la renverse
Son Excellence tombît,
Sur un cheval d’Espagne
Il était bien monté
Comme sous Charlemagne
L’on vit pareille entrée.
Un jeudi à dix heures
Monsieur de Matignon
Avec l’Introducteur
Furent en sa maison.
En pompeux équipage,
Suivis de leurs laquais
Avec Messieurs leurs pages
Qui avaient des plumets.
En une belle langue
Matignon plein d’esprit
Fit une belle harangue
Dont voici la copie
La charpente en est drôle
Car un nouveau racu [ ?]
En a fait les paroles
Elle est ainsi conçue :
Oui, à Son Excellence
Le grand roi des Français
M’envoie par préférence
Vous faire des souhaits,
Vous conduire à la ville,
De la ville à la Cour,
Mais à tant que d’y être
Faut passer aux faubourgs.
En habit magnifique
La marche commença.
Mais par malheur tragique
La pluie sur eux tomba.
Adieu la mascarade !
Adieu les beaux habits !
Ce n’est plus Ambassade,
Ce sont des vrais chianslits
- 1On prétend que ce furent les jésuites qui jouèrent une comédie et qui envoyèrent de Perse à leurs dépens un manant de ce pays là pour flatter Louis XIV dans la vieillesse. Il fit son entrée au mois de février 1715. (Castries)
Maurepas, F.Fr.12628, p.27-28