Sans titre
Les engagements de nos jours
Ne se font plus par les amours.
Un nouvel intérêt préside
Qui fait préférer le magot
Au tendre amant que l’amour guide,
C’est l’agio, c’est l’agio.
Qu’on voit de ces gens fortunés
Pleins à ventres déboutonnés,
Chéris de la blonde et de la brune,
Gens que chacun nommait Pierrot,
Qui les a mis dans la fortune ?
C’est l’agio, c’est l’agio.
Que de magnifiques habits,
Que de perles, que de rubis,
Vénus ne fut pas mieux ornée.
Philis, j’entends à demi-mot :
Quelqu’un supplée à l’Hyménée
C’est l’agio, c’est l’agio.
Beautés, pour avoir de l’argent,
L’amour est un mauvais agent.
Voler, piller, faites l’escompte,
Vous en aurez tout aussitôt
Et la fortune la plus prompte,
C’est l’agio, c’est l’agio.
Nous ne buvons que du verjus
Le temps a détrôné Bacchus.
Les buveurs sont dans les souffrances,
Ils cassent le verre, le pot.
Qui nous cause ces influences ?
C’est l’agio, c’est l’agio.
Mazarine Castries Ms 3982, p. 197-98