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Sans titre

De parents tous bons Peletiers
Il naquit fort riche héritier,
Fut élevé pensionnaire
Dans le collège à l'l'ordinaire,
Mais dès l'enfance on tint pour su
Qu'il aurait l'esprit gauche et dur.

Alors qu'il devint un peu grand
Ses parents allaient l'instruisant
Dans la profession du Père.
Mais jamais il n'a su la faire.
Encore était-il glorieux
Tout comme il eût valu mieux.

S'il veut garder quelque peau corroyer
Il en arrache la moitié
Du parchemin il fait de même
Il vous en ôte trois cinquièmes
Étant ignorant et fripon
Il croit en avoir les coupons.

On le choisit comme méchant
Quand il fallut taxer les gens
Dans une chambre de justice,
Étant plein de noire malice
Il est pire que les recors
Qui prennent les hommes au corps.

Ah, qu'un père est bien malheureux
D'être en fils si malencontreux !
Fils que tout un public affronte
Et couvre sa race de honte.
Plaignons ses parents et amis
S'il en est d'honnêtes parmi.

Le voyant ainsi tout gâter
Son père n'y put résister
Il se retira dans un cloître
N'osant pas au monde paroître;
D'un enfant race de fouteur
N'en ayant fait qu'un écorcheur.

En attendant le châtiment
Que Dieu réserve au garnement
Il tremble, il a la face blême
Il n'ira pas jusqu'au Carême
On dirait d'un excommunié
Ou de quelque pilorié.

Cependant comme il vit encore
Et qu'à mal faire il est des forts
Si quelqu'un de vous le rencontre
Sur-le-champ qu'au doigt il le montre
Afin que l'on soit prévenu
De parents tous bons Peletiers.

Numéro
$5225


Année
1716 (Castries)




Références

Stromates, I, 393-94 - Mazarine Castries Ms 3981, p. 398-400