Sans titre
Du règne passé qu’on appelle,
Tout va changer subitement.
Faquins, vous en aurez dans l’aile
Malgré le nouveau testament.
Il ordonnait que la Régence
Suivait le conseil insensé
Des mêmes sots par qui la France
Se gouvernait les mois passés.
Mais de cet écrit imbécile,
Le Parlement voyant l’abus
L’a mis avec le codicille
Parmi les arrêts de Bibus.
Le Régent dit qu’il s’en va faire
Six beaux petits conseils nouveaux,
Qui de l’antique ministère
Corrigeront tous les défauts.
C’est un plaisir de voir la mine
De nos ministres consternés.
Le nouvel astre qui domine
Leur donne à tous un pied de nez.
Heureux d’éviter la potence
Qu’il méritait, ce scélérat
Desmarets quitte la finance.
Laissons démettre ce pied-plat.
Voisin restera-t-il en place ?
Si l’on pouvait l’en dépouiller,
Ce fils d’un greffier de village
Serait laquais du Chancelier.
Pontchartrain, dangereux maroufle
Qui sur la navigation
Raisonna si longtemps pantoufle,
Reste enfin dans l’inaction.
Le défunt Chancelier son père
Vint pour lui le Régent prier.
Mais il répondit en colère :
Votre fils n’est bon qu’à noyer.
L’air ténébreux, la mine basse
Le cauteleux ignatien
Va s’enfermer dans une classe.
Petits enfants que je vous plains !
Si la burlesque impertinence
De la bulle Unigenitus
Veut faire encore du bruit en France,
Le Régent lui dira : motus !
Le Tellier comptait bien d’écrire
Croyant Noailles confondu.
Mais celui qu’il voulait voir détruire
Se rit de voir Rohan tondu.
Guenon que notre défunt maître
Laissait fourrer son nez partout
On devrait fourrer à Bicêtre
Votre maintien de loup-garou.
Mais on veut bien souffrir encore
Que dans Saint-Cyr vous régentiez
Allez-y fuir, vieille Pécore,
Le monde que vous infectiez.
Mazarine Castries 3981, p.256