Placet de plusieurs officiers à M. de Senac
Nous n’en rougirons point, c’est le mal des héros1
Nous l’avions jusque dans les os ;
Mais à présent nous voici comme
Le Ciel forma le premier homme.
Ô temps heureux, à Siècles d’or !
Où l’homme et son plaisir ne craignait rien encore.
Douce sécurité, qu’êtes-vous devenues ?
Un patriarche en ses amour
Prenait la première venue,
Et baisait dans les carrefours ;
Diogène plantait un homme dans la rue ;
Le vieux Caton disait à de jeunes Romains,
Courage, mes enfants, montez chez les catins
Et ne séduisez point nos femmes.
Dans ce siècle de fer on monte chez les dames ;
On force la vertu pour sauver la santé.
Jusqu’à présent le dieu Mercure
A consolé Vénus, Priape et la nature,
Mais ce dieu, mille fois, a trompé ses dévots.
Il n’a qu’une chapelle au temple d’Épidaure.
Un bon prêtre nommé Velnos
Nous a fait voir qu’il est encore
Quelque bonne divinité
Au carrousel de la santé.
Ô vous, dont le savoir conduit la bienfaisance,
Protégez notre bienfaiteur
Qui nous rend aux désirs, qui nous rend au bonheur.
Un médecin du Roi de France
Doit songer qu’au siècle passé
Un de nos rois y fut pincé.
La duchesse en son lit où l’édredon la couvre
Est sujette à ses lois,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend pas nos rois.
- 1Placet que les gardes du corps ont présenté à M. Lieutaud, premier médecin, pour l’engager à renouveler le privilège du Sirop végétal antivénérien de M. de Velnos.
- CSPL, IV, 285-86