Gazettes des théâtres
Les Éléments depuis deux mois
À l’Opéra faisaient ressource.
On les a barrés dans leur cours
Par un ballet joué trois fois1 .
L’auteur n’est pas sexagénaire,
Avec l’âge il pourrait mieux faire.
Didon au Théâtre-Français2
S’est poignardée avec succès.
Contre l’auteur jurisconsulte
Le corps des robins révolté
Le querelle d’avoir quitté
Pour Phoebus Thémis et son culte.
Certain président du Palais
Fit jadis une Cornélie,
Pièce qui ne fut accueillie
Que des ris et des sifflets.
Pourquoi la Didon applaudie
Faites-elle à l’autre un procès ?
La quarantaine3 embarrassée
Voulait élever ses regards
Jusqu’au nouveau duc de Villars,
Mais la famille est trop sensée
Pour lui donner tête baissée
Je crois qu’un duc ne prendra pas
Un titre honni des avocats.
Le pharmacopole4 du Coche,
Le vicaire de Deschauffours,
Vient d’être chassé de la Cour.
C’est bien tard on se le reproche,
C’était pourtant pour l’obliger
Qu’à Tours on m’a fait voyager.
Je ne connais point cette Églée
Que le menteur écervelé
Dis que je drape en vaudeville
Jamais, ni la Cour, ni la Ville
Ne m’imputa pareils écrits,
Et les chansonniers beaux-esprits
Ont pu seuls émouvoir ma bile
Encor leur quadrille imbécile
Ne vaut-elle que le mépris
La pièce de la Calomnie
N’a ni conduite, ni génie
Au calomniateur brouillon
Tancé, bâtonné sans mesure
Ce texte sied comme à Fillon
De prêcher contre la luxure.

• 1Qui a pour titre les Fêtes nouvelles et qui a pour auteur de la musique le Sr Duplessis, violon d’Opéra (M.)
• 2Énée et Didon, comédie faite par un jeune avocat, pièce qui a fait beaucoup de bruit. (M.)
• 3les 40 avocats. (M.)
• 4L’abbé Alary, sous-précepteur du Dauphin.