A M.Dorat
À Dorat1
De l’esprit et de l’enjouement
On en trouve certainement
Dans vos épîtres éternelles,
Aux rois, aux comètes, aux belles.
Vous célébrez si galamment
Les jeunes dames de la ville
Qu’au Marais et surtout dans l’Ile
On vous croit presque leur amant.
Vous unissez très savamment
La recherche à la négligence,
Et sous un air d’insouciance
L’ambition d’être charmant.
Quelquefois même, par moment
Vos petits vers pleins d’harmonie
S’élèvent jusqu’à l’ironie.
Il ne vous manque en vérité
Pour entrer à l’Académie
Et gagner l’immortalité,
Rien que du goût et du génie.
- 1Ce pauvre M. Dorat ne peut pas avoir un succès qu’on ne l’empoisonne par une épigramme. […] En voici une plus ancienne mais plus piquante, qui n’a pas trop couru. Je la crois de M. de Rulhière
BHVP, MS 639, p.494-98 - Suard, CL, p.723-24