Brevet pour l'abbé Pagi de Valbonne
Brevet pour l’abbé Pagi de Valbonne
De par le dieu de la marotte,
Nous, intendant de la calotte,
Aux calotins savoir faisons,
Et qui plus est nous commandons
De recevoir cette police
Commme un beau titre de justice.
À cet effet nous ordonnons
Que tous les braves champions,
Tel que l’est notre abbé Valbonne,
Qui mal écrit et mal raisonne,
Soient à jamais deshonorés
Ainsi qu’il l’a bien mérité.
Surtout il gagne la victoire,
Des calomnies faisant gloire,
De plus, soutenant des forfaits
De Girard maudit à jamais.
Il tient le rang d’une mégère
En abusant l’esprit vulgaire.
Qu’il est dangereux et malin,
Plein de fiel et de venin,
Il tient encore de la folie.
Il en aura toute sa vie,
Et c’est pourquoi la Société
A bien voulu qu’il fût jeté
Hors de son corps comme lunaire
Et traître comme apothicaire.
Partout il est un grand diseur,
Insigne fourbe, grand menteur,
Témoin cet infâme volume
Auquel il a prêté sa plume.
Il fait, dit-il, d’autres ouvrages
Qui sont d’accoucheur ; ses usages,
Ma foi, les femmes mériteraient
Qui en danger se trouveraient.
mais il voudrait tirer salaire
Ce qui ne doit, ni peut se faire.
Pourtant de grands et si beaux traits
Nous lui payons les intérêts,
Et voulons qu’en maligne bête
Il les porte dessus sa tête.
Ces intérêts seront de plomb,
Fait en calotte et pour raison,
Et de peur que sa cervellette
Les intérêts ne nous répète,
Nous voulons que tout Provençal
Pour le guérir de tout son mal
Porte sans cesse dans sa poche,
Si vous voulez dans sa sacoche,
Une calotte de plomb bien fort
Pour la lui donner tout d’abord.
Turin, p.139-41