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Bref de chef de la musique au prince de Conti

Brevet de chef de la musique

au prince de Conti

De par le dieu porte-marotte,

Nous, général de la Calotte,

À tous gens d’érudition,

Salut et jubilation.

Informé par le consistoire

Que gens d’épée et d’écritoire

S’étaient érigés depuis peu

À traiter nos lois comme jeu ;

Que contre raison et justice,

Prenant pour guide leur caprice,

Ils s’emparaient des charges, rangs,

Souvent en dépit du bon sens ;

Qu’avec eux s’était mis un prince

Dont certes l’esprit n’est pas mince,

Mais duquel le corps contrefait

Fait voir d’Ésope le portrait,

Dont l’estomac est une poche

Qui rend par hoquet le matin

L’affreux venin que la La Roche

A versé la veille en son sein,

Faisant à tous venants la nique

Pour bien déchiffrer en musique

Avec sa flûte dont le son

Ressemble au sifflement d’oison.

À ces causes rendant justice,

Voulant le pourvoir d’un office

Qu’il puisse exercer dignement

Dans notre fameux Régiment,

Ordonnons que sans plus attendre

On le fasse au plus tôt descendre

Du rang où par distraction

Il s’était mis en rang d’oignon ;

Lui donnons pour son domicile

Comme chose à l’État utile,

Une lorgnette à l’Opéra,

Où, suivant son degré, jugera

Avec un pouvoir despotique

De tous concerts, ballets, musique,

Soumettant à son jugement

Même celle du Régiment.

Voulons que tous mélophilète

Harmonophile, audiphilète,

Prenant de lui seul un visa

Joue en dépit de l’Opéra.

Ordonnons qu’il ait pour ses gages

Cent mil écus sur les plumages

Des corbeaux bons aux clavecins,

Sur les carillons et tocsins

Dont la présente ordonnance

Sera payée par préférence

Sans souffrir diminution

De future succession

D’une grande fille trouvée

Qui par lui fut légitimée.

Donné dans notre tribunal

Neuf ans après que Maurival

Passa près le cheval de bronze

Un matin entre dix et onze.

Numéro
$4493


Année
1726




Références

F.Fr.9353, f°181v-182v - Lille BM, MS 62, p.408-12


Notes

$4100 en est une autre version, qui diverge pour presque la moitié du texte.