Brevet du régiment de la calotte en faveur de M. l'abbé de Captot
Brevet du Régiment de la Calotte
en faveur de M. l’abbé de Captot
De par le dieu de la Marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Occupé du bien de l’État,
Nous recevons certain rabat
Qui n’est abbé que par dispense,
À cause de l’insuffisance
Qu’il a de porter cet habit,
Ainsi que chacun nous le dit.
Mais profitant de l’indulgence
Dont l’honore notre clémence,
Nous fait supplier humblement
De l’agréer au Régiment,
Pour diriger notre musique,
Quoique bien haut la voix publique
Nous prône qu’il ne la sait point.
Nous passons outre sur ce point.
Lui permettons malgré l’envie
D’avoir le soin toute sa vie,
De régler tous les mouvements
Des tambours, fifres et instruments
Dont on se sert en jour de fête.
Et pour répondre à sa requête,
Le nommons inspecteur du son,
Et directeur du carillon
De tous les grelots et sonnettes
Dont sont ornés tous nos barrettes [sic]
Couvrant le chef de nos sujets.
Et pour le combler de bienfaits,
Le dispensons de son bréviaire.
Voulons que son unique affaire
Soit de prodiguer ses leçons
À tous nos jeunes Amphions,
Tant les récitants que choristes,
Qu’il soit correcteur des copistes.
L’établissons le visiteur
Des plus jolis enfants de chœur,
Et que de toutes basses-tailles,
De gentils minois et de tailles
Avantageuses et cetera
Il puisse fournir l’Opéra.
Que pour le prix de ce service,
Lui destinons le bénéfice
D’aumônier du magasin
Et le bonnet du calotin.
Voulons qu’il porte la rondache
Et sous le nez une moustache
Pour lui rendre l’air plus hardi ;
Qu’il puisse toujours à midi
Aller écumer la marmite
Ainsi qu’un garçon parasite,
Comme il a fait jusqu’à présent.
Que sans aucun empêchement
Il trouve gens qui l’alimentent,
Que ne pouvant vrai dire il mente,
Pour mieux plaire et mieux divertir,
Sauf à se faire démentir,
Voulant l’empêcher de souffrir
Lors qu’il déplaît à un convive,
Même aux habitants du buffet
Qui souvent lui ont dit son fait.
Pour réprimer cette licence
Donnons en ce jour l’ordonnance
Pour qu’il soit de tous respecté
Car telle est notre volonté.
Fait en notre conseil suprême
L’an mil sept cent trente cinquième.
BHVP, MS 665, f°8r