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Chanson

Chanson

 

1

Qu’il est doux, ô troupe calotine,

Sous vos lois de vivre à son aise

On y un festine [? ]

J’ai mainte face rubiconde

À boire nous seconde

Versez-moi, versez, peuple calotin,

Critiquons du soir au matin

Animons notre esprit mutin

En buvant de bon vin.

 

2

Du fameux ordre de la Calotte,

Redoutez les décrets trop mutins,

Le pouvoir de sa fine marotte

Se répand jusqu’aux pays lointains.

Tout chez nous se pèse et s’examine,

Tout passe à l’étamine,

Tout nous craint, et de tous les froids auteurs

Des sots acteurs et des faux chanteurs

Et des ignorants connaisseurs

Nous sommes les censeurs.

 

3

Bacchus, joint au dieu de la satire,

Chaque jour vient trinquer avec nous.

Nous avons toujours sujet de rire.

Au besoin nous nous censurons tous.

En buvant nous mêlons au cantique

Beaucoup de sel attique

Quand nous sommes en train, tous nos propos,

Tous nos bons mots, enfants des pots,

Qui naissent aux dépens des sots

Égayent nos échos.

 

4

Un rêveur, pétri de politique,

De lui-même assez embarrassé,

À son gré échange la république

En prenant sa tasse de café ;

Prend des villes et donne des batailles,

En quatre murailles.

Il reçoit par nos mains, de bon vent revêtues [sic]

Nous le mêlons à nos sujets,

Nous couronnons tous ses souhaits

Et ses vastes projets.

 

5

Quand Phébus, du haut du Mont Parnasse,

Fait entendre d’ennuyeux concerts,

Nous ne lui faisons aucune grâce,

Nos sifflets répondent à ses airs,

Rien n’arrête notre esprit critique,

Nous frondons la musique,

Nous lançons mil traits, mil lardons,

Nous composons dessus ses sons,

Nous contrefaisons ses chansons,

Et les turlupinons.

 

6

Nous voyons ce grand actionnaire,

Champignon du pays Quinquempoix,

Éprouver la fortune contraire,

Et son char ne roule qu’un seul mois.

Pour entretenir ses pages,

Il reçoit par nos mains de bons brevets ;

Nous le mettons de nos sujets,

Nous couronnons tous ses souhaits

Et ses riches projets.

 

7

Lorsqu’auprès d’une beauté naissante

Nous voyons amants à cheveux gris ;

Quand le cocu d’une vieille mourante

D’un cadet aussi se trouve épris ;

Pour célébrer un amour si tendre

Qui renaît de sa cendre,

Ils reçoivent de nous de bons brevets.

Nous les mettons de nos sujets ;

Nous couronnons tous leurs souhaits

Et leurs tendres projets.

Numéro
$4481


Année
1720




Références

BHVP, MS 664, f°159v-162r


Notes

L'allusion à la rue Quiquempoix incite à dater des environs de l'année 1720