Recrue de Gacon
Recrue de Gacon1
Au brave Aymon et Saint-Martin,
Chéris du dieu de la marotte,
Gacon, rimailleur calotin,
Secrétaire de la calotte,
Nous fait savoir conjointement
Que, zélé pour le Régiment,
Il aurait fait une recrue
Dans ville et comté de Gisors
De gens ayant qualité due
Pour entrer dans notre grand corps ;
Que, passant aux eaux de Forges,
Il aurait bien fait ses orges
Pour recruter le bataillon
Des malades imaginaires,
Si le poète Crébillon,
Ce rimeur des plus sanguinaires2 ,
Ne m’eût insulté par brocards
Et grossière contumélie,
Où fureur avait plus de part
Que gaie et légère folie.
Ce qui fit que par châtiment
Je le chassai du Régiment,
Plein de la juste confiance
De voir confirmer ma sentence.
Sur ce je fais des oremus
Afin que ce grand dieu Momus
Vous maintienne en sa digne garde
Et fasse que rien ne retarde
La gloire de l’illustre corps
Commis à notre suffisance.
Fait à mon retour de Gisors,
À table, tenant la séance
Avec les deux folâtres sœurs,
Très dignes par leur vie et mœurs
De vos faveurs les plus complètes
Tant en fait de rats que girouettes,
Et d’avoir brevet d’icelui3 .
En vrai signe de mémorie
Sera posé sur le repli
Le sceau de la chancellerie4 .
- 1Autre titre: Lettre du secrétaire du Régiment de la Calotte à ses généraux. Dans cette autre version, les "généraux" sont supposés parler et non Gacon.
- 2Poète, auteur de plusieurs pièces de théâtre où le sang n'est pas épargné (M)
- 3Et d'avoir brevet de Cely [avec note: chancelier du Régiment]
- 4Mon adresse est chez M. Aillet, receveur des gabelles à Gisors (M.).
BHVP, MS 664, f°77r-80v - Mazarine, 3971, p.125-32 - Lyon BM, MS 750, f° 253 - Lyon BM, MS 751, f° 107v
Les deux folâtres soeurs évoquées à la fin sont matière à la calotte qui suit (Brevet de Dame Aillet et de Charlotte sa soeur, $4200)