Brevet à Carpentier de bel esprit
Brevet à Carpentier de bel esprit
Le fléau des contrebandiers
Et la terreur des faux sauniers
Voulant quitter de la maltôte
L’emploi trop consciencieux,
S’adresse au dieu porte-marotte
Pour avoir un brevet joyeux,
Disant qu’il mérite une place
Dans notre auguste régiment,
Ayant l’harmonieux talent
De bien sonner du cor de chasse,
Qu’il sait parler grec et latin
Presqu’aussi bien qu’un capucin,
Qu’il sait le fin de la finance,
Qu’il excelle en toute science
Tellement que nos beaux esprits
N’impriment rien sans ses avis ;
Que dans l’empire de la lune
Où souvent il a voyagé,
Certaine beauté peu commune
Lui trouve un mérite caché.
À ces causes, vu l’excellence
De nombre d’autres actions
Qu’en temps et lieux nous déduirons,
Le déclarons par préférence
Dans toute la banlieue de Paris
Le parangon des beaux esprits ;
Lui donnons pour son honoraire
La double calotte de plomb,
En tous temps pour lui nécessaire
Pour le distinguer du vulgaire.
Il portera le grand cordon
De droite à gauche en bandoulière
Fait dans le conseil calotin,
Présent Aymon et Saint-Martin.
F.Fr.9353, f°313 - F.Fr.15016, f°267r-268r - Lille BM, MS 62, p.263-73