Le Conseil de Momus et la revue de son régiment . Poème calotin.
[Bosc du Bouchet,] Le Conseil de Momus [1730]
Le Conseil / de Momus / et la revue / de son régiment / Poème calotin.
pas de page de titre
IV-237.
sig. a2 ; A8-Q8
BN Ye.12249
Serait de Bosc du Bouchet selon indication manuscrite en tête de l’édition. Paru en 1730, selon le calcul enfantin placé à la fin du Frontispice calotin.
Présente une sorte de préambule, en italique, avant le début du premier des sept chants, intitulé, selon le titre courant :
Frontispice calotin
O toi, qui veut pour te mettre en goguette
De ce calotin faire emplette,
Apprends tout ce que pour l’avoir
On est obligé de savoir.
Chez Pantalon de la Lune,
Non en plein jour, mais sur la brune,
Il fut imprimé lentement,
Mais aussi très correctement.
Ni la presse elzévirienne,
Ni celle des frères Estienne,
Celle de Bleau, celle de Leers,
Les anciennes presses d’Anvers,
Celles de Londres dont les marges
Trop étroites jadis, aujourd’hui sont trop larges,
De la sienne n’approchent pas.
Momus en fait un si grand cas
Qu’avec patentes il est imprimeur ordinaire
Du Régiment et son libraire.
Emploi lucratif à tel point
Que ses profits ne s’imaginent point.
C’est dans Ratopolis, sa joyeuse patrie,
Commodément logé grande rue des Rats,
Rue longue de mille pas,
Qu’il tient sa belle imprimerie
Qui répand par tout l’univers
Et calotine prose et marotiques vers.
Connu, chéri de tous dans cette grande ville,
L’enseigne est un meuble inutile :
De l’ordre de Momus cependant, le cordon
De papillons semés sur un ruban citron
Décore, non pas sa boutique,
Fi, cela serait bas et par trop mécanique,
Mais son immense magasin,
Tant fréquenté de tout bon calotin.
L’usage veut qu’encore ici date je mette.
L’édition fut donc complète
Lorsque l’an trois fois dix et cent fois dix-sept
Était bientôt au bout de son rollet,
Puisque l’on attendait, sans faute, dans quinzaine
Le jour où l’on donne l’étrenne.
Ce détail est exact et ce titre nouveau !
Mais où se vend ce livre enfin ? Sous le manteau !
Suit donc Le conseil de Momus et la revue de son régiment.
Chaque chant est lesté de nombreuses notes rejetées en fin de chant.
Chant premier
Je chante ce conseil badin
Dont jamais le sénat romain
Ni les grands ministres de France
N’égalèrent la suffisance,
Qui, sans vouloir s’alambiquer
À gravement politiser,
Étendant partout son empire,
Le gouverne en le faisant rire,
Qui depuis l’établissement
De son célèbre Régiment
Ne laisse aucune impertinence
Parvenue à sa connaissance
Sans la régaler d’un brevet,
De qui l’inévitable trait
Porte un immortel ridicule.
Il faut avaler la pilule
En quelque rang qu’on soit placé,
Et jamais il n’est effacé.
Les têtes les plus élevées
Ne sont pas même préservées
De son ironique courroux.
Le plus court est de filer doux,
Et sans murmure et sans riposte
D’occuper humblement son poste.
Seigneurs, prélat, un parlement
Se révolteraient vainement :
La résistance est inutile
Et ne fait qu’échauffer la bile
Des redoutables calotins
Qui lancent ses foudres badins.
Suivent d’innombrables vers sans aucun intérêt. A la fin du premier chant, après quelques centaines de vers, on ne sait toujours pas de quoi il est question. Les notes ne sont pourtant pas absurdes ; elles sont d’un connaisseur, même s’il a tout d’un Mathanasius, faisant des notes pour le plaisir d’en faire. Ainsi le thème même du poème reste mystérieux.
Impression confirmée après lecture de l’ensemble du texte. On est en présence des productions d’un fou littéraire. On ne comprend absolument pas ce qu’il a en tête, si tant est qu’il y ait quelque chose. Le thème est bien la calotte, mais avec un déguisement mythologique, dont on ne saisit ni la rime ni la raison. Ce n’est en définitive qu’un témoignage de la popularité de la calotte, et rien de plus.
Les notes ont, elles, quelque intérêt. A été recopié ce qui est relatif à la Calotte, sans avoir besoin de raccorder ces notes à ce qui est supposé les avoir suscitées.
Chant II
Ceux qui sont à la tête de la Calotte et qui la gouvernent, sont ennemis des invectives grossières et des satires trop mordantes. Ils n’admettent point les brevets de cette espèce, composés par des esprits brûlés, que le corps n’approuve pas et ne reconnaît point pour ses membres. (71)
Le généralissime T. a fait une très grande figure dans le Régiment. Son oraison funèbre est un des plus beaux morceaux de la Calotte. Elle a été imprimée et se trouve dans les mains de beaucoup de personnes, sans quoi on la mettrait à la fin de cet ouvrage, au nombre des preuves. On peut encore la trouver dans le recueil des pièces imprimé en Hollande. (71)
Quoique le titre de généralissime soit au-dessus de celui de Général, cependant la véritable autorité et tout le détail du Régiment a toujours roulé sur le général Aymon Ier et sur M. de Saint-Pavin, son lieutenant général. Cela est si vrai que le généralissime ayant voulu donner des ordres contre eux, il fut solennellement dégradé par les Etats généraux de la Calotte, comme on verra dans la suite (72).
[Personne n’a remplacé Aymon] Il court un bruit cependant que quelques nouveau exploits du lieutenant général ont fait penser à le pourvoir de cet emploi, sans qu’il l’ait demandé ; mais la discipline et la hiérarchie du Régiment n’en recevront aucune altération. (72)
Un peuple, en ce point téméraire / S’ingère-t-il de contrefaire / Le grand code de ses arrêts / et d’y mêler de faux décrets ? / Pour réprimer cette licence / (Qui tire à grande conséquence) / On rend arrêt incontinent / Non moins sage que fulminant. (61)
Voyez cet arrêt qui a été imprimé à Paris dans le temps qu’il a été rendu. Pour la commodité des lecteurs, et parce qu’il est plein du véritable esprit du Régiment et de ses plus saines maximes, on l’a mis à la fin de l’ouvrage [ce qui est vrai = arrêt contre les fausses éditions…]
[A propos d’une affaire obscure] Ce sauf-conduit était nécessaire, et jamais le conseil calotin n’accorda sa protection dans un besoin plus pressant. Un spectacle de gladiateurs que le L.G. donna réellement au public, l’avait engagé à des dépenses considérables. Pressé par quelques créanciers qu’il avait fait à cette occasion, il les apaisa par des lettres de change et des billets. A l’échéance, nouvel embarras ; le spectacle n’ayant pas réussi, le conseil vint à son secours, et le sauf-conduit présenté en badinant, comme par manière de jeu, à un tribunal très respectable, ne laissa pas d’opérer et de procurer du temps et des facilités. (73)
Dans la fatale occasion / Que le feu généralissime / Par orgueil tomba dans un crime / Qui fut un énorme attentat / Et pensa renverser l’Etat
Ce fut, comme on l’a déjà insinué, quand il s’ingéra d’interdire le général et son lieutenant, qui furent obligés d’en porter leurs plaintes aux Etats généraux. (74)
[La condamnation] Cet arrêt est sorti de la plume du général et c’est un des plus beaux morceaux de la Calotte ; mais il n’a jamais été imprimé. On ordonne à tout Calotin de l’apprendre par cœur, ainsi l’impression en est inutile. (74)
On a composé un grand nombre d’airs et même beaucoup de paroles, parmi lesquelles il y en a de bonnes, pour des marches du Régiment. La plus belle de toutes commence par ces mots « Ami calotin, délicat et fin ». Mon dessein était de la mettre notée à la fin de cet ouvrage ; mais j’ai été prévenu, ayant été mise dans le recueil des parodies nouvelles et vaudevilles inconnus. L’air de la composition est de Couperin. On attribue les paroles à un bon auteur.
Il est certain qu’il y a plusieurs brevets qui, non seulement ne sont point composés par des officiers du corps, mais même qui sont faits à l’insu des chefs du Régiment, qu’on rendrait très injustement responsables de pareils écrits : le brevet dont on parle ici est de ce nombre et mériterait fort d’être muni du sceau du Régiment. Il est délicat et fort bien écrit.
A la fin reproduit les Lettre patentes concernant la Calotte, d'ailleurs très exactement, probablement d’après l’édition (pp.227-231).
Reproduit enfin l’Arrêt du conseil du Régiment de la Calotte contre la fausse édition des brevets et autres règlements supposés. (p.233-237).
BnF, Ye.12249