Énigme par M. le duc de Nivernois.
Je suis des musulmans l’horreur et le modèle,
J’ai suivi les Césars et suis encore pucelle.
Je vais à l’abreuvoir,
Soit qu’il pleuve ou qu’il tonne,
Et la place que j’abandonne
N’est jamais prise par personne,
Qu’il n’ait pissé dans son mouchoir.

Votre énigme n’a pas de mot1 ,
Expliquer chose inexplicable,
Est d’un docteur ou bien d’un sot ;
L’un à l’autre est assez semblable,
Mais si l’on donne à deviner,
Quelle est la princesse adorable
Qui sur les cœurs sait dominer
Sans chercher cet empire aimable,
Pleine de goût sans raisonner,
Et d’esprit, sans faire l’habile.
Cette énigme peut étonner,
Mais le mot n’est pas difficile.

• 1Cette énigme avait été proposée à Mme la duchesse d’Orléans qui se pique de les deviner toutes, mais qui, n’ayant pu réussir à deviner celle-ci, qui effectivement n’a point de mot, écrivit à M. de Voltaire pour qu’il lui prêtât ses lumières. Voici la réponse qu’il lui fit. (M.)