Brevet de survivance de professeur, de secrétaire historiographe du Régiment de la Calotte pour M. de Breuilpont, fils de Mr Doublet
Brevet de survivance de professeur et de secrétaire historiographe
du Régiment de la Calotte pour M. de Breuilpont, fils de M. Doublet
De par le dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Informé qu’il est important
Pour soutenir solidement
Toute la gent calotine
Dans l’éclat de son origine
De pourvoir au remplacement
Des chevaliers les plus illustres
Qui déjà comptant par dix lustres
Au grand regret du Régiment
Pour lequel ils ont fait merveille,
Sont de la mort presqu’à la veille.
À ces causes, vu les talents
Qu’a de Breuil, à dix-neuf ans,
De ne rien dire et ne rien faire
Et même de ne penser guère
Plus qu’un lapin qu’au coin d’un bois
Il assassine en tapinois ;
Vu les services de son père
Qui parle toujours ce qu’il faut taire,
Donnons pour le récompenser
À son cher fils la survivance
De la charge de professeur
De notre Régiment en France
Qu’il exerce avec tant d’honneur.
Bien entendu que la finance,
Tant des gages que des profits
Passant dans la bourse du père
Tombera dans celle du fils
Quand il le croira nécessaire.
De plus, par surcroît de bonté,
Nous le créons par ces présentes
En forme de lettres patentes,
De notre pleine autorité
Des calotins le secrétaire,
Historiographe ordinaire
De tous les actes enchantés
Et plus sous les uns que les autres,
De mille cerveaux éventés
Très distingués entre les nôtres.
Voulons que ces traits merveilleux,
Sans excepter ceux dont fourmille
La chronique de sa famille,
Traits entre autres très glorieux
Au Régiment, à la patrie,
Soient dans nos fastes tous les jours
Inscrits par lui, selon leurs rangs,
De crainte qu’on ne les oublie
Au grand mépris de la Folie,
Et pour servir à l’avenir
De modèle à notre jeunesse,
Qui, quoique loin de la sagesse,
Pourrait peut-être y revenir
Si l’on n’offrait à leur mémoire
De ces traits la brillante histoire.
Espérons qu’enrégimenté
Sous tant de titres honorables,
Peut-être que par vanité
Il fournira preuves valables
D’une heureuse témérité,
N’ayant jusqu’ici près des dames
Ne respirant pour qui flammes (? ),
Jeune, aimable autant qu’amoureux
Ose presque lever les yeux
Et par pudeur, autre sottise,
Les complimenter de main mise.
Voulons pourtant s’il accomplit
Ce qu’il nous a promis d’avance
Sur certain article, il remplit
A cet égard notre espérance ;
Qu'il touche par an mille écus
Sur les vents et sur les matières
Qui s’échappent des plus beaux culs
De nos plus jeunes vivandières ;
De plus, comme fils d’officier,
Nouvellement survivancier,
Nous lui donnons double calotte
Et le timbre de la Marotte,
Sonnettes, grelots, papillon,
Tendre souris, jeune raton.
Voulons cependant qu’il travaille
Pour mériter notre médaille ;
Qu’en ce cas nous lui promettons
Avec un de nos grands cordons.
Fait et conclu sous la visière
De toute la gent calotière
Dans notre superbe salon.
Signé Torsac ; plus bas, Aymon.
F.Fr.12654, p.29-32 - F.Fr.25570, p.339-42