Brevet de Maître des cérémonies du Régiment
pour Boucault, Receveur de la ville de Paris
De par Aymon, le commandant
Du très auguste Régiment
Dont l’uniforme est la Calotte,
À tout bonhomme qui radote,
À tous jeunes gens indiscrets,
Nous mandons ce qui suit après.
François Boucault, dont la mémoire
Aura sa part dans notre histoire
Au chapitre des éventés,
Ayant à nous représenté
Qu’il manque à notre compagnie
Un maître de cérémonie
Et s’étant pour ce présenté,
L'avons de notre autorité
Commis pour que dans nos séances
Tout fût réglé par icelui
Et le bon ordre rétabli.
Or attendu qu’en lieux et autres
Il se trouve des sujets nôtres,
Partout où le public sera
Frère Boucault se trouvera,
Aux bals, ballets et comédies,
Pour y faire à discrétion
De maître des cérémonies
Tout exercice et fonction.
Voulons surtout que préséance
Il baille aux ducs et maréchaux,
Surtout tous receveurs généraux,
Fût-ce celui de nos finances
Ou de Paris, le grand tripot,
Eût-il vingt mil livres de rente
Puisqu’enfin on peut être un sot
Et en avoir jusques à trente.
Or, comme en notre Régiment
Onques ne fut et ne doit être
De charge sans appointements,
Voulons qu’à notre petit-maître,
Car du grand maître avons donné
La patente à certain curé
Curieux en cérémonie
Dont le bonhomme tant vanté
En son chef a grande manie.
Or donc voulons que mille écus
Il soit baillé de revenus,
Qu’il soit payé dix mil écus
Au Sieur Boucault sur les épices
Que tout plaideur notre sujet
Payera sur chacun arrêt
À tous gens tenant nos justices
Au tribunal du Châtelet.
Fait à Paris, la grande ville,
Où se trouve maints inutiles,
Force larrons de tous métiers,
Force jaseurs qui, sans quartier,
Vont étourdissant nos oreilles
D’impertinences sans pareilles,
Force rimeurs qui, sans raison,
Riment sornettes à foison,
Tous gens qui, pour raison et autres,
Sont ou seront bientôt des nôtres.