Arrêt du Régiment de la Calotte en faveur du Sr Roy, greffier dudit Régiment
Arrêt du Régiment de la Calotte en faveur du Sr Roy,
greffier dudit Régiment.
Vu le mémoire présenté
Par Roy, greffier de la Calotte,
Disant que la gent falotte
Ayant à cœur l’autorité
Dans les affaires d’importance,
Il a de notre Régiment
Rédigé plus d’une ordonnance,
L’a fait parler très dignement,
Même en vers presque marotiques
Dans plusieurs brevets authentiques.
Remontre le susdit greffier
Qu’ayant si bien fait son métier,
Il ne croit pas que son salaire
Doive être les coups de bâton
A lui délivrés tout de bon
Au mépris de son caractère
Par certain quidam à brevet,
Qui, n’entendant point raillerie,
A cru, guidé par sa furie,
En avoir un juste sujet.
Sur quoi, le suppliant expose
Que ce malheur lui arriva
Tout vis-à-vis de l’Opéra,
Ce qui peut fort bien, et pour cause,
Nous faire à peu près deviner
Celui qui l’a fait bâtonner,
Contre lequel il se réserve
De se pourvoir, si par ses soins
Il peut découvrir des témoins.
Ledit Roy de plus nous observe
Qu’il est menacé fortement
D’essuyer pareil traitement
De la part du Sieur de La Baune,
Qui s’en va disant hardiment,
Que d’un gros bâton long d’une aune
Tôt ou tard il régalera
Le greffier de la gent falotte,
Et si bien l’étrillera
Que longtemps il se souviendra
Du Régiment de la Calotte.
Le suppliant, à ces propos
Trouvant qu’il sent frémir son dos,
Dans cette triste syndérèse,
Il recourt à ce qu’il nous plaise,
Usant de notre autorité,
Mettre son dos en sûreté,
Quoi faisant, nous ferons justice.
Le tout dûment considéré,
Nous avons dit et déclaré
Par cette sentence de police,
Disons, déclarons et voulons,
Très expressément défendons
À tous gens portant canne et gaule
De froisser l’une ou l’autre épaule
Dudit Roy, greffier de céans.
Nous livrons les contrevenants
Sans pitié ni miséricorde
Aux remords qu’on peut essuyer
En étrillant bien un greffier
Qu’on juge digne de la corde.
Quant aux coups cotés ci-dessus,
Nous les déclarons non reçus,
Et de notre pleine puissance
Voulons que nos sujets fidèles
Les respectent toujours comme tels.
Que si, malgré cette ordonnance,
Et notre présente défense
Quelqu’un, ou bizarre ou brutal,
Assomme Roy, notre féal,
Nous voulons dans cette occurrence
Qu’on estime que ce malheur
Est récompensé par l’honneur
Et le mérite de la chose,
Comme l’ayant bien mérité,
Par nos sujets soit réputé
Le martyr de la bonne cause.
F.Fr.9353, f°149v-151r - F.Fr.9353, f°253r-254r - F.Fr.12654, p.73-76 - F.Fr.12785, f°18-21 - F.Fr.15016, f°151r-154r - F.Fr.20036, p.126-29 - F.Fr.25570, p.437-40 - Nouv.Acq.Fr. 2485, f°41r-42r - Arsenal, 3359, p.153-56 - BHVP, MS 663, f°200r-203r - Bordeaux BM, MS 700, f°190r-193r - Grenoble BM, MS 587, f°113r-114r - Lille BM, MS 65, p.79-83 - Lyon BM, MS 754, f°146r-147v