Calotte de Dubouchet
Nous, Général de la Calotte,
À toute gent porte-marotte,
Sur le récit qu’on nous a fait
Du talent du Sieur Dubouchet
À fournir longues chevauchées,
Comme de venir de Bordeaux,
Malgré ses fesses écorchées
Et découvertes jusqu’aux os,
En quatre jours au Bourg-la-Reine
Où, trois jours reprenant haleine,
Il en demeura presque six
Du Bourg de la Reine à Paris.
À ces causes, vu la science,
Le talent et la diligence
Dudit Dubouchet à courir
Sans son derrière secourir
Tant il paraît rempli de zèle
Quand il a le cul sur la selle,
Le créons par ce mandement
L’un des courriers du Régiment
Avec la belle expectative,
Ou pour parler encore plus net,
Une promesse positive
De grand courrier du cabinet,
Afin qu’alors, plus à son aise,
Il courre assis dans une chaise
Au très grand plaisir et repos
Tant de son cul que de son dos.
Lui donnons droit sur la fumée
De grosse chandelle allumée
Et qu’on étend avec les doigts
Sur la culotte de chamois ;
Assignons ses profits et gages
Sur les vapeurs et les nuages,
Sur les brouillards et sur le vent
Que les courriers hument souvent,
Se sentant mouillés de manière
Que le cul leur sert de gouttière ;
Permettons à toute beauté
De prouver son habileté
Dans l'art de piquer haquenée
Quinze fois pendant la journée
Sans paraître las ni recru,
Et qu'après avoir bien couru
Le sexe lui paie sa course
Non pas des deniers de sa bourse
Mais avec myrte droit et vert
Symbole dont l'amour se sert
Pour montrer qu'en cet exercice
Il faut être vert de la cuisse
Et si bien serrer le jarret
Qu'il n'arrive mésaventure
En descendant de sa monture
Bien plus vite qu'on ne voudrait.
L'exhortons par un avis sage
De ne chevaucher en avant
Si fort qu'après un long voyage
Il ne lui cuise pas devant.
Consentons qu'en forme d'aigrette
Il porte en chef la girouette
Et qu'il puisse fourrer de rats
Toute sa culotte et ses bas.
Lui donnons médaille et calotte
Ainsi que notre grand cordon.
Ainsi que médaille et calotte
Avec papillons et marotte.
Signé Torsac, plus bas Aymon.