Compliment de la Calotte au Roi sur sa convalescence
Au nom du peuple calotin
Et de la gent porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Torsac, Aymon et Saint-Martin,
Offrons en toute révérence
À Louis XV, Roi de France,
Nos compliments sur la santé
Revenue à Sa Majesté,
L’assurance de tout le grand zèle
Convenable à ce corps fidèle
Qui s’est signalé tant de fois
Pour l’honneur du trône françois
Et ne se démentira, Sire,
Sous votre glorieux empire.
Ne craignons pas que nos respects
Vous soient aucunement suspects
De mensonge ou d’afféterie
Et moins encore de flatterie,
Car enfin nous ne doutons pas
Que vous ne marchiez sur les pas
De votre ancêtre Louis Douze
Qui nous mit de tous ses projets,
Lui dont l’âme fut si jalouse
Du bonheur de tous ses sujets,
Témoins les sages de Venise,
Les gens d’une prudence exquise
Contre lesquels, en son courroux,
Il fit marcher cent mille fous1
Qui par les beaux exploits qu’ils firent
À la raison les réduisirent.
Supplions Votre Majesté
De maintenir par équité
Notre ordre en toutes ses aubaines
Sur les brouillards de vos domaines,
Tant des rivières que des mers
pour fournir aux gages divers
Que nous payons par chaque année
À tout héros du Régiment
Auquel la calotte est donnée
Pour avoir agi noblement.
Sur ce, faisons vive prière
Au nom de la gent calotière
Pour que le Ciel en sa bonté
Vous maintienne en joie et santé
Et vous donne le caractère
De Prince et de Roi débonnaire,
De père du peuple françois
Et de l’ordre de la Calotte,
Titre si beau que tous les rois
En devraient faire leur marotte.
Fait dans votre minorité
Et le jour que toute la France
Fit pour votre prospérité
Des feux de joie à toute outrance.

• 1 Quelqu’un dit un jour à Louis Douze pour le détourner de la guerre qu’il avait entreprise contre les Vénitiens qu’il prît bien ses mesures et que ces républicains étaient des gens fort sages. Le Prince répondit : Je mettrai tant de fous à leurs trousses que j’en viendrai à bout (M.)