Plainte calotine
Aux trois chefs du corps calotin,
Torsac, Aymon et Saint-Martin,
Gacon, leur digne secrétaire,
Se plaint que par un vilain trait
Sans respect pour son caractère,
Deslonde, Hutin et Gobelet
Marquant les logis à la craie,
L’ont chassé de son logement
Pour y mettre (le nom m’effraie)
Qui ? le bourreau du Régiment.
Forfait contre la hiérarchie
Et qui, blessant honteusement
Notre sage gouvernement,
Le va réduire en anarchie,
Si ce maréchal des logis
Et ses fouriers ne sont punis
D’un attentat, lequel mérite
Que contre eux tout le corps s’irrite.
De plus, pour augmenter ma peur
Ils ont logé le confesseur
Près dudit bourreau, dont tout sage
Doit éviter le voisinage,
Car confesseur du bourreau,
Si vous ajoutez tombereau
Et patient vous pourrez faire
Une scène patibulaire.
Bien est-il vrai que mon effroi
Se calme un peu lorsque je pense
Que c’est le confesseur du Roi
Qui montre beaucoup de clémence
Et qui, plein de bonté de cœur,
Ne veut point la mort du pécheur.
Ce considéré, je vous prie
Permettre, vu les faits susdits,
Que ma muse à bon droit aigrie,
Marque les marqueurs de logis,
Afin que désormais plus sages,
Quand le Roi fera des voyages,
Ils respectent le logement
Des officiers du Régiment,
Surtout celui du secrétaire,
À qui on ne saurait déplaire
Qu’on ne s’expose à des brevets
Qui, remplis de morosophie,
Sur les gens impriment des traits
Qui durent même après la vie.