Calotte de Thiboust
Calotte de Thiboust
De par le dieu porte-marotte,
Nous, généraux de la Calotte,
Torsac, Aymon et Saint-Martin,
Tenant le conseil calotin,
Très persuadés que la lune,
Outre sa lumière commune
Dont elle brille dans son plein,
Verse encore des influences
Qui causent dans le chef humain
D’agréables effervescences
Dont naissent tant de beaux projets
Qui font distinguer nos sujets
Tant de l’un que de l’autre sexe.
Or la Calotte étant l’annexe
De toute lunatique humeur,
Savoir faisons par la présente
Que Thiboust, libraire imprimeur,
En mérite une très pesante
Pour avoir en mâche laurier
Mis en vers le calendrier,
Œuvre sans doute calotière,
D’autant que pareille matière,
Contraire aux agréments divers
Qui forment la beauté des vers
Avec peine même s’explique
Dans un style tout prosaïque.
Mais de quoi ne vient point à bout
Un génie rare et sublime !
Le susdit libraire Thiboust,
Maître souverain de la rime,
Menant Pégase au petit trot,
A rimé dans un almanach
D’une manière très exacte
Tant le bisextil que l’épacte,
Vigile, jeûne et Quatre-temps,
Les phases, la pluie et les vents,
Les jours défendus ou nubiles
Et tous les saints du paradis.
Lui déléguons pour ses salaires
Comme à rimeur des plus hardis
Force vapeurs caniculaires,
Vapeurs qui, frappant son cerveau,
Ont porté sa muse ratière
À faire un almanach nouveau
D’une espèce si singulière.
Défendons à tout calotin,
Tant hébreu que grec et latin,
De renchérir sur ce libraire,
Sous peine, outre le mal lunaire
Nommé poétique fureur,
D’être réduit au vil usage
De consommer certain ouvrage
Qu’on ne fait point par procureur.
Lyon BM, MS 750, f°247v-248r - Lyon BM, MS 751, f°97