Brevet de Momus1
De par Momus et sa marotte,
Salut aux gens de la Calotte.
Instruit qu’un brevet depuis peu
Aurait reçu sans notre aveu
Du public toujours équitable
Un accueil assez favorable.
Vu mûrement ledit écrit,
Négligé, mais rempli d’esprit
Sur les gens de l’Académie.
Leur billet, leur peu de génie
Sont représentés par des traits
Trop délicats pour tels sujets.
Vu les billets de l’assemblée
Où la politesse est blessée,
Nous jugeons propres à l’emploi
D’huissiers ou de porteurs d’exploits,
Partout ailleurs qu’en notre empire,
Car chez nous, où l’on aime à rire,
Tels gens viendraient porter partout
L’ennui, la gêne et le dégoût.
Nous voudrions savoir à quel titre
Le susdit auteur enregistre
Et fait entrer si librement
Tels sujets dans le Régiment.
Qu’il sache qu’il est une espèce
Dont le massif et la bassesse
Les éloignant de mes bienfaits
Les garantit de mes brevets.
Quoi ! s’il fallait mettre en lumière
Toute erreur ou faute grossière,
Relever le honteux éclat
D’un faquin ou d’un riche fat,
Breveter l’orgueil, l’ignorance,
La fatuité, l’arrogance,
Ce serait tomber dans l’abus,
Vilipender nos attributs
Et prostituer le vrai lustre
Qui distingue un sujet illustre.
À ces causes, vous défendons
De prodiguer ainsi nos dons.
Voulons que les vapeurs ambrées
Soient soigneusement conservées
Pour les favoris de l’amour.
Signé Momus tenant sa cour.

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